mardi 10 mai 2011

Témoignage d'une religieuse


Comment la spiritualité Bon-Pasteur m’aide-t-elle à concrétiser le charisme d’amour et de bonté au quotidien?


"Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.  Polissez-le sans cesse, et le repolissez."  Vous avez reconnu, j’en suis sûre, une pensée de Boileau, pensée qui a traversé les siècles.  Si je comprends bien, Boileau fait allusion aux perpétuels recommencements dans nos vies.  Rien n’est acquis une fois pour toutes.

Per - sé - vé - ran - ce!  La persévérance, nous la reconnaissons comme une importante vertu à pratiquer, n’est-ce pas?  C’est sur cette vertu qu’a exercée de façon exemplaire notre Fondatrice que j’appuie mon propos aujourd’hui, donc, sur le toujours de l’amour et de la bonté.

En commençant ce témoignage, je voudrais présenter à votre imagination l’image d’un potier.  Lorsque j’étais en pleine activité professionnelle, soit en éducation, soit en pastorale, j’avais un champ d’action vaste à structurer, à organiser, à coordonner, à rendre fructueux.  Je mettais à profit mes jeunes capacités, en ces années-là,
et c’est ici que se présente l’image du potier telle qu’annoncée, je façonnais un vase précieux en y mettant toute mon âme.  L’amour et la bonté coulaient onctueusement de ce vase, c’est du moins ce que j’ose penser, sans trop auréoler la vie apostolique que je menais alors.  Mais depuis quelques années, mes responsabilités ont dangereusement rétréci.  Elles sont maintenant petites, très petites, plurielles, disparates.  Je dois donc chaque jour recoller les morceaux du vase de ma vie, avec le ciment de l’amour, de la bonté et de la  compassion.  Vous comprendrez mieux, j’en suis sûre, mon allusion à la pensée de Boileau: “vingt fois, sur le métier remettez votre ouvrage.”  Quels sont donc ces morceaux à recoller quotidiennement?  Je vous en sais gré d’être curieux, curieuses de le savoir.  Les voici:
*   sacristine et réalisatrice de visuels aux fêtes liturgiques, une semaine sur deux
*   annaliste
*   membre du Conseil local
*   accompagnatrice des affilié-e-s
*  membre de l’organisme Centre d’aide et d’action bénévole de  Charlesbourg, et par cette entremise, soutien moral d’une dame âgée, malade et vivant la solitude.  Elle habite à la résidence l’Or du temps
*   animatrice de célébrations de la Parole avec communion, à la résidence La Voisinière
*   et j’ajoute, comme morceaux à recoller d’heure en heure avec amour et bonté comme Dieu le veut, nos rites de rencontre et les relations interpersonnelles avec mes consœurs si différentes les unes des autres...
Vous avez là un aperçu de ce qui compose mon quotidien.
Je risque de vous scandaliser un peu, en disant que j’en suis venue à pratiquement éliminer de ma vie intérieure ce que j’appelle les efforts ardus pour éviter les manquements à nos Constitutions et Règles.  Ce sont bien davantage les liens que je tisse, de plus en plus serrés, avec les Cœurs de Jésus et de Marie qui me motivent et m’inspirent d’un jour à l’autre.  Lorsque je tourne mon cœur vers Marie, je le tourne aussi vers le Père pour faire sa volonté, comme elle l’a fait.  Comme elle l’a fait aussi, je me laisse guider par l’Esprit.

Plus j’avance en âge, plus je prends au sérieux mon appellation de Servante du Coeur Immaculé de Marie.  Plus je tente de transformer les inévitables servitudes de la vie en esprit de service.  N’avez-vous pas remarqué que chacune de nos journées est encadrée par une élévation de notre coeur vers Marie?  Avant la prière des Laudes, nous récitons ou chantons l’angélus, et à la fin de Vêpres, la liturgie met sur nos lèvres le Magnificat.  C’est comme enchâssé dans cette noble louange à la Vierge que notre journée s’écoule.  Oui, le Cœur immaculé de Marie devient de plus en plus mon lieu de refuge.  C’est beau, me direz-vous, mais c’est incomplet, et je vous le concède.  Oui, il est évident que je ne peux ériger Marie en absolu.  Mais soyez sans crainte, car celle que je sers par mon identité de Servante de son Cœur immaculé a tôt fait de me poser dans les bras de son Fils, Jésus bon Pasteur.  Ce faisant, en toute confiance, je me blottis dans son cœur sacré,  embrasé d’amour pour l’humanité et pour la consacrée que je suis.  Le moment et l’espace par excellence de cet “admirable échange” est celui de la sainte Eucharistie célébrée et adorée.

Je dois de plus vous dire que je nourris une réelle et bienfaisante dévotion envers Notre-Dame-de-la-Pureté.  Ce vocable met en relief la transparence du cœur de la Vierge et son immense pouvoir contre toutes les forces destructrices.  Il n’est donc pas étonnant que souvent, souvent je dise: “Ô Notre-Dame-de-la-Pureté, je viens à toi avec confiance, reconnaissance et amour.  Ouvre au monde entier ton cœur immaculé et miséricordieux, etc.

En somme, j’éprouve un besoin vital que les cœurs de Jésus et de Marie, le Père de toute tendresse et  l’Esprit qui m’habite donnent souffle et cohésion à mon vécu au jour le jour.  Cette mouvance spirituelle  préside quotidiennement à mes occupations: petites, très petites, plurielles et disparates pour malaxer le merveilleux ciment de l’amour.  Je le voudrais tellement inconditionnel et universel, cet amour.  Mais, les échecs sur cette voie sont souvent, hélas, de la partie.  Voilà ce qui demeure, pour moi, un défi qui ne cesse de me poursuivre..., je ne le sais que trop, d’où l’importance de m’exercer à la per - sé - vé - ran - ce.

Plusieurs d’entre vous savent que la rédaction, presque quotidienne, de mon journal spirituel sert à me tenir en haleine, et m’aide grandement à me garder le cœur fidèle à mon Dieu et à ma Congrégation.  Voici quelques lignes de ce journal qui prend souvent la forme de prières très personnelles :
Ton Eucharistie, Jésus, récapitule tous les instants de ta vie.  Fais-moi la grâce de vivre pleinement ton mystère tant à la messe que dans ma vie quotidienne.  C’est toi, Seigneur, ma joie, c’est toi qui m’harmonise et m’unifie.  Je te rends grâce.  Et un autre court extrait de ce journal: Ô Immaculée Conception!  Ô toute pure, totalement disponible à la volonté de ton Dieu, merveille des merveilles, créature unique préservée de la tare humaine, ô Mère, je te loue, moi, Servante de ton Cœur immaculé avec tous ceux et celles qui éprouvent pour toi une affection frémissante, palpitante, profonde et féconde.

Je pourrais poursuivre ce témoignage, mais je ne le fais pas, car non seulement le chronomètre de sœur Célyne me l’interdit, mais Nicolas Boileau, dans L’art poétique, dit encore: “Souvent trop d’abondance appauvrit la matière.” 

En terminant, avec moi, faites ce souhait: Que ton cœur, Jésus, que ton cœur, Marie, le mien ainsi que le vôtre brûlent du même amour, à jamais!

Denise Giasson, s.c.i.m.
2 avril 2011

Aucun commentaire:

Publier un commentaire