mercredi 15 juin 2011

L'abbé Michel Talbot, prêtre


Pour souligner l'Année presbytérale, une série de textes fut publiée dans la revue diocésaine, INTERCOMMUNICATION, afin de faire mieux connaître les membres du clergé du Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Ces textes font ressortir leurs implications, les joies et les peines qui les habitent dans leur ministère, leur spiritualité, etc. Nous partageons avec vous ces textes. Voici le septième d’une série de sept.
 
Comment avez-vous reconnu l’appel à la prêtrise?

Personnellement, j’hésite à parler de ma vocation presbytérale en terme d’« appel ». C’est un fait que lorsqu’on aborde le thème de la vocation, que ce soit au diaconat, au presbytérat, à la vie consacrée ou au service missionnaire, on le fait habituellement en empruntant ce vocabulaire. Cette façon de faire est certes bien fondée, mais elle n’est pas la seule. Pour ma part, je préfère en parler en utilisant le mot « désir », l’objet du désir étant la vie avec Dieu. Quand on demande à des prêtres ou à des religieuses de raconter l’histoire de leur vocation, plusieurs la font remonter à l’époque où ils étaient encore enfants. Dans bien des cas, la vocation a surgi alors qu’ils vivaient dans un contexte familial où ils avaient appris très tôt et de façon régulière à entrer en relation étroite avec Dieu. Ce fut aussi mon cas, dans une certaine mesure. Je ne peux donc pas dire que l’idée de devenir prêtre a pris au départ la forme d’une réponse à un appel précis de Dieu en vue d’une mission particulière. Elle l’est devenue au fil de mon cheminement. L’appel s’est donc précisé avec le temps, mais au terme d’un long mûrissement. Je l’ai vu comme une étape importante d’une lente maturation d’un désir, le désir de vivre en présence de Dieu. Ma vocation est née d’un désir et elle s’est déployée à travers un appel.

Pourquoi avoir choisi un tel ministère?

Le ministère presbytéral a trouvé son enracinement dans la foi. On ne peut s’engager dans une telle aventure sans être profondément convaincu que Dieu nous y convie. À mon sens, le prêtre est d’abord et avant tout un serviteur de Dieu qui partage sa sollicitude pour l’être humain. Je perçois dans le ministère presbytéral deux pôles essentiels: la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Ce sont là deux pains dont je me nourris et que je trouve important de proposer aux croyants pour leur vie et leur croissance spirituelle. Bien que le pain de la Parole puisse être dispensé par des personnes qui ne sont pas prêtres, seul le ministère presbytéral possède cette capacité de dispenser l’Eucharistie. Et c’est une grâce de pouvoir faire les deux à la fois.

C’est quoi pour vous être prêtre aujourd’hui?


Le prêtre aujourd’hui doit être un homme de Dieu au sens fort du terme. Il doit être un homme de foi et de prière constamment connecté sur la Parole de Dieu et un inconditionnel de l’Eucharistie. Il se doit en même temps d’être à l’écoute des gens, attentif à leurs joies comme à leurs peines. Sa mission est d’être un guide, un enseignant, un aidant pour une communauté croyante qui désire approfondir sa foi et développer son identité chrétienne. Dans le contexte de crise que nous traversons, je trouve important de me montrer respectueux du cheminement de chaque personne, mais en même temps de rester ferme dans mes convictions. Bref, l’image que je me fais du prêtre est celle d’un homme qui donne son temps, son énergie et sa vie pour faire connaître et aimer Dieu.

Qu’est-ce qui vous aide à vivre votre vie de prêtre? Vos joies?

Présentement, je trouve une grande joie dans le soutien que m’apportent les gens. Quand on a l’impression de ne pas être seul à accomplir la mission que Dieu nous confie, c’est une grande consolation. Quand on voit avec quelle conviction et générosité les gens nous épaulent et nous soutiennent dans la réalisation de notre tâche, cela nous donne des ailes. Si les personnes qui sont présentement engagées en pastorale se retiraient les unes après les autres en nous laissant seul, ce serait impossible à vivre et on finirait peut-être par tout laisser tomber. Heureusement, avec l’aide de Dieu et des gens qui nous entourent, la mission est moins lourde à porter. Il existe une autre source de joie: nous sommes bien placés comme prêtres pour constater les merveilles que Dieu réalise dans le cœur des croyants. Malgré le contexte de sécularisation qui caractérise notre société, je constate encore beaucoup de foi et d’amour de Dieu dans le cœur des gens et Dieu y répond de façon extraordinaire. Il suffit simplement d’ouvrir les yeux pour voir Dieu à l’œuvre. Il est bien présent et ne cesse d’agir en faveur de ceux et celles qui lui font confiance et c’est là une source de joie et une puissante motivation à continuer mon service.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées? Vos peines?

L’indifférence religieuse en général et l’absence d’une grande majorité des moins de 50 ans. Que deviendra l’Église d’ici quand les plus âgés n’y seront plus? Il ne faut pas se le cacher, notre institution connaît une décroissance rapide et sévère et c’est là une source d’inquiétudes. La diminution du nombre de prêtres oblige les plus jeunes à endosser des responsabilités de plus en plus lourdes, ce qui représente une difficulté qui peut miner à la longue la santé et le moral. Sans verser dans le pessismisme, on doit reconnaître que les prêtres qui ont actuellement moins de 65 ans ne l’auront pas facile dans les prochaine décennies. Nous assistons à la mort lente d’une certaine façon de faire Église, mais on peut entrevoir une renaissance que nous devrons accueillir avec souplesse et confiance. Les prêtres qui ont été ordonnés avant le Concile Vatican II ont connu des changements majeurs aux plans de la théologie, de la liturgie et de l’approche pastorale et ils ont su s’y adapter. Ceux qui ont été ordonnés après le Concile sont en train de vivre des changements tout aussi importants auxquels ils devront s’ajuster avec l’aide de l’Esprit. L’espérance ne doit pas déserter nos cœurs.

Parlez-nous de votre spiritualité, de l’histoire de votre vie de foi.

L’histoire de ma vie de foi est d’une simplicité telle que je me demande comment j’ai fait pour en arriver au presbytérat. Comme je le disais précédemment, ma spiritualité est le fruit d’une lente maturation d’un désir de vivre avec Dieu. Le jour où le désir aura disparu, je serai le plus malheureux des prêtres, car c’est lui qui me pousse à approfondir sa Parole, source du bonheur. Comme le dit Jésus: « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. » (Jn 14, 23) Ma spiritualité est fondée pour une bonne part sur la Parole de Dieu et l’Eucharistie, tout simplement.

Comment vous entrevoyez le prêtre demain?

L’évolution très rapide de notre société, associée à la lenteur et à la difficulté de l’Église de s’ajuster aux transformations qu’elle subit, fait qu’il n’est pas aisé d’esquisser le portrait du prêtre de demain. Que sera le prêtre dans dix, vingt ou trente ans? On sent bien que nous sommes en train de vivre une période de transition, nous assistons au passage d’une Église de chrétienté à une Église de mission. Dans ce nouveau contexte, que nous envisageons avec une certaine inquiétude, le prêtre de demain sera appelé à être un porteur de l’Évangile dans une Église missionnaire. L’Église de chrétienté s’éteint lentement et les efforts pastoraux du prêtre devront favoriser, pour les personnes qui se montreront accueillantes et bien disposées à approfondir leur foi, l’expérience d’une rencontre avec le Christ qui soit signifiante et vivifiante. Mais pour y arriver le prêtre devra donner une place prépondérante à la Parole de Dieu et à l’Eucharistie, qui sont les fondements de la vie en Église. Dans la mesure où le prêtre saura centrer sa vie sur la Parole de Dieu et l’Eucharistie, qui sont les lieux par excellence où l’on peut faire l’expérience du Ressuscité, le prêtre pourra accomplir la mission que Dieu lui confie.

Quels sont vos loisirs, vos passions en dehors de votre ministère?

J’essaie de trouver un certain équilibre de vie par la pratique de la marche quotidienne. Et je mets en application cette pensée d’Albert Schweitzer: « Il y a deux moyens d’oublier les tracas de la vie: la musique et les chats. »

L'abbé Michel Talbot

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