samedi 15 janvier 2011

L'abbé Luc Deschênes, prêtre

Pour souligner l'Année presbytérale, une série de textes fut publiée dans la revue diocésaine, INTERCOMMUNICATION, afin de faire mieux connaître les membres du clergé du Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Ces textes font ressortir leurs implications, les joies et les peines qui les habitent dans leur ministère, leur spiritualité, etc. Nous partageons avec vous ces textes. Voici le deuxième d’une série de sept. 

Comment avez-vous reconnu l’appel à la prêtrise?
            «Je n’ai pas de date précise pour un appel particulier! Mon milieu familial, mes parents, mes frères et sœurs étaient des croyants; ils savaient partager de bon cœur, en toute simplicité; cela m'a préparé à répondre à un appel. Vers l’âge de 15 ou 16 ans, le dévouement des prêtres éducateurs, la piété fervente d’un curé ont fait préciser mon engagement. La prière a pris une importance plus grande dans mon existence; la J.E.C. m’a ouvert à l’amour de Dieu pour les autres... Puis la vie au Grand Séminaire avec des confrères pleins d’idéal et la grâce de Dieu, je me suis lancé dans la belle aventure avec beaucoup d’élan…»

Pourquoi avoir choisi un tel ministère?
            «Je n’ai pas choisi! J’ai accueilli un choix de Dieu… Ordonné prêtre en 1953, j’ai reçu de mon évêque le ministère auprès des jeunes étudiants; je devais l’exercer un an ou deux, je l’ai fait pendant 21 ans. À travers un minimum de difficultés, ces années furent heureuses pour moi auprès de jeunes remplis de projets et d’avenir. Je les ai souvent confiés au Seigneur.
            Plus tard en paroisses, j’ai toujours été convaincu d’être envoyé avec la confiance de mon évêque. J’ai eu la certitude que les paroissiens comptaient sur mon témoignage et mon humble disponibilité… Maintenant, je demeure fort intéressé à la vie de l’Église diocésaine, mais mon ministère est surtout celui de la prière, du silence et de la confiance en Dieu.»

C’est quoi pour vous être prêtre aujourd’hui?

            «Le prêtre aujourd’hui doit vivre le même sacerdoce que celui de nos frères prêtres d’hier. Les situations de vie cependant, sont changées. Les conditions de vie sacerdotale sont fort différentes. Le monde de la société, des communications rapides, de la consommation fait que le prêtre vit dans un tourbillon de préjugés, de pensées, de distractions. Il est, et il demeure toujours, un envoyé de Dieu au milieu du monde, mais il ne peut compter comme à une autre époque, sur un support et un encadrement favorables à sa mission. La vocation sacerdotale est belle, grande, sainte, mais comme celle de Jésus, elle est souvent marquée du signe de la croix. La vie de Jésus est une profonde interrogation sur le sens de la vie humaine : celle du prêtre, toute proportion gardée, demeure ce questionnement sur le pourquoi de la vie sur terre pour l’être humain.»

Qu’est-ce qui vous aide à vivre votre vie de prêtres?
            «Après 57 ans de vie sacerdotale, je peux affirmer que la prière est le facteur premier de la persévérance, de la fidélité et du bonheur dans ma vie de prêtre. J’ai trouvé force et consolation dans l’Eucharistie, particulièrement célébrée en assemblée. Je suis aussi reconnaissant du soutien des miens. Le ministère en paroisse au contact des gens, la vie fraternelle à Jésus Caritas, et puis, des lectures enrichissantes sont tout autant de secours dans ma vie sacerdotale.»

Qu’est-ce qui vous rend heureux dans votre sacerdoce? Vos joies?
            À mon âge, chaque jour est un cadeau du ciel… J’ai toujours été heureux d’être prêtre : c’est le Seigneur qui a tout fait! Je n’ai pas remis en question la réponse donnée à l’appel divin. Mon bonheur a été, et est encore dans la présence, le service et l’engagement au milieu du monde… J’ai grande joie à retrouver des anciens élèves ou des amis paroissiens avec qui j’ai travaillé. Célébrer, prêcher, assurer l’animation de groupes, participer aux cérémonies liturgiques, tout cela m’a toujours intéressé et procurer la joie… Et maintenant que l’âge avance à grands pas, je suis fort sensible à la confiance qu’on me porte encore.»

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées? Vos peines?
            «Bien sûr, j’ai comme d’autres, rencontré des difficultés dans le ministère…Mes propres difficultés personnelles m’ont ralenti, tels le sentiment d’incompétence, d’incompréhension, la vie de solitude, et en vieillissant, l’impression d’un serviteur inutile.
            Puis il y a des difficultés extérieures qui me touchent… Je suis mal à l’aise avec la critique plus ou moins juste qui est adressée contre l’Église, les prêtres, la religion; j’ai peine devant le peu d’engagement de chrétiens qui, il me semble, ont beaucoup reçu, et qui demeurent si peu fiers de leur foi… La diminution des vocations sacerdotales m’interroge, comme aussi le peu de respect des personnes et de la vie humaine. Il y a là un dépouillement qui éprouve la foi. Heureusement, le mystère de la croix donne espérance : il y a Pâques qui vient, et il faut savoir découvrir. »

Parlez-nous de votre spiritualité, l’histoire de votre vie de foi…
            «En cette année presbytérale, j’écoute le saint Curé d’Ars affirmer dans la ferveur de sa foi : «Après Dieu, le prêtre c’est tout», «Le prêtre continue l’œuvre de la Rédemption sur la terre», «Le prêtre c’est l’amour du cœur de Jésus». J’avoue alors que ma spiritualité est questionnée.
            Né dans une famille terrienne, le travail des champs, les leçons de la nature avec ses merveilles d’espoir, de fécondité, de beauté m’ont influencé. Puis, j’ai tellement reçu de mes parents, des membres de ma famille, qui étaient de fervents croyants, que le Seigneur me garde encore à 83 ans, dans une foi qui me fait vivre! Dieu m’a pris par la main; il m’a porté sur ses épaules. Qu’Il en soit béni!
            L’Eucharistie, l’office divin, la prière à Marie sont à la base de ma vie de foi. Des ressourcements occasionnels ont alimenté ma foi : un voyage «Sur les pas de saint Paul», un pèlerinage à Lourdes, à Ars, à Taizé et autres, en Terre Sainte, ont été des éléments forts. Je suis reconnaissant «aux groupes de prières» qui m’ont aidé à découvrir une Parole de Dieu actuelle et vivante. Depuis 20 ans, la Fraternité Jésus Caritas ( adoration, révision de vie, partage de la Parole ) est une source enrichissante. J’aime bien aussi unir chaque jour, mon humble prière à «l’Hymne de l’Univers», en union avec tous les prêtres de tous les continents.
            «Approchez-vous de Dieu, il s’approchera de vous!» Merci au Curé d’Ars.»

Comment vous entrevoyez le prêtre de demain?
            «Il m’apparaît que le prêtre de demain devra être un homme de prière et un prophète courageux. Moi, j’ai fait beaucoup de choses que les fidèles auraient pu ou dû faire. J’ai pris leur place. Je crois de plus en plus que le Seigneur demande au prêtre d’être ce qu’il est : un lien fidèle entre les dons du ciel et les besoins de l’être humain.
            Jésus se retirait pour prier… ensuite, il guérissait, il pardonnait, il vivait avec les gens et leur parlait de son Père.
            Le prêtre de demain, par son témoignage, conduira le peuple dans une relation plus intime avec un Dieu tout aimant. J’ajoute qu’il devra accomplir ce ministère avec l’ardeur des premiers Apôtres, comptant sur la puissance aimante de Dieu. L’Église d’aujourd’hui doit porter déjà ces prêtres dans sa prière.»

Quels sont vos loisirs, vos passions en dehors de votre ministère?
            «Le côté sportif est limité à 80 ans et plus! Je marche tous les jours, beau temps, mauvais temps. Le médecin me dit que c’est un bon remède! Je consacre un temps à la lecture, je m’intéresse aux activités sociales et paroissiales qui sont assez nombreuses. Je suis impliqué dans les groupes FADOQ, AQDR, groupes d’amis. Les rencontres familiales et amicales sont fort appréciées. Et puis j’essaie de m’apprivoiser avec l’Internet…»

Luc Deschênes, ptre,                     
Saint-Jean-Port-Joli, 8 janvier 2010


Aucun commentaire:

Publier un commentaire