Immigrant au Canada depuis 1994, je suis
catholique depuis ma naissance. Ma vie était profondément ancrée dans un
univers catholique. J’allais à la messe à tous les dimanches. J’étais bien
engagé dans ma paroisse vietnamienne. J’avais tout pour être heureux, entouré
de ma famille et de mes amis. J’étais pharmacien avec un salaire enviable de
55$/h. J’étais libre extérieurement de tous soucis. Pourtant, je ne ressentais
qu’un vide intérieur, car intérieurement je n’étais pas libre. J’avais des
blessures intérieures comme tant d’autres jeunes.
J’avais l’intuition d’avoir conçu une
façade pour masquer mes insécurités, car ma mauvaise estime de moi était
inconsciemment basée sur le regard des autres. Je réalisais que mes 20 ans de
vie catholique ne m’avaient pas permis d’entrer en relation avec Dieu, car
j’étais plus dans une tradition et ma foi était sans vie. L’expérience
chrétienne vécue sur le plan collectif était très forte en moi, mais
malheureusement la vie spirituelle, la relation personnelle avec le Christ
était peu présente.
Par hasard, en 2011, j’ai pu entrer en
contact avec l’Abbaye de Rougemont. La charité fraternelle avait guéri mes
blessures intérieures, permettant à Dieu d’entrer dans mon coeur. J’ai pu alors
expérimenter réellement la miséricorde de Dieu en découvrant ce regard de Jésus
sur Zachée qui ne condamne pas et qui l’accueille gratuitement dans ce qu’il
est.
Le contact par hasard et graduel avec le
monastère m’a alors introduit à une vie spirituelle. Je pense que la vie
monastique présente une synthèse parfaite de la formation intellectuelle,
spirituelle et humaine, me permettant de développer le maximum de mon
potentiel. Elle m’ouvre aussi à un vrai chemin de liberté, en brisant cette
façade que je me suis créée, permettant à mon coeur de m’ouvrir à Dieu, aux
autres et surtout à moi-même.
J’ai pu alors découvrir et accueillir ce
que je suis en vérité, mon identité, créé et aimé par Dieu. Alors, j’ai vu
grandir en moi le désir de la vie monastique. J’avais la certitude que c’était
bien le projet de Dieu. Alors, je n’ai pas cherché plus loin, car seul l’amour
de Dieu me suffisait. Finalement, j’ai dit OUI au Seigneur, un Oui
inconditionnel. Alors, j’ai quitté ma famille, mes amis, mon statut social, mes
fausses sécurités et ma fausse liberté pour ce chemin inconnu qu’est la vie
monastique.
Jusqu’à aujourd’hui, 2 mois après ma
profession temporaire, je n’ai jamais douté de ma vocation. Je goûte de plus en
plus à la vie monastique, car elle m’offre un équilibre de vie dont j’ai
besoin, que je ne peux trouver ailleurs.
Prière, travail, vie fraternelle et
hospitalité, particulièrement en ce qui a trait à la pastorale jeunesse, sont
les 4 grandes activités qui occupent la vie de notre communauté. Notre journée
monastique est meublée par la prière, communautaire et personnelle, pour louer
Dieu. Cela m’aide à me recentrer en Dieu pour éviter que je me disperse dans
mes projets personnels et dans des excès. Nous avons la messe à tous les jours,
ce qui me ramène à l’essentiel et me rappelle sans cesse que ma vocation est un
DON. La découverte de la Lectio Divina a aussi joué un rôle très important dans
ma vie spirituelle et humaine. Elle me fait grandir et me nourrit à tous les
jours.
Ce qui est beau de la vie monastique c’est
qu’on ne fait pas tout cela seul, mais avec une communauté. On marche ensemble,
on grandit ensemble comme la communauté des apôtres.
Alors, je peux dire que mon engagement et
ma foi, devenue plus vivante, m’amènent à mieux apprécier la vie, à être vrai
avec moi-même et avec les autres, et me poussent à vivre la charité, selon
l’Évangile. Je ne cherche pas à être prêtre ni à être ce que je voudrais être,
car je ne choisis pas ma vie. Je la donne, afin de répondre à cet appel du
Seigneur qui me veut « moine » à l’Abbaye de Rougemont.
Fr. Martin de Porres (Profès temporaire)
23/05/2018
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