lundi 18 juin 2018

Pourquoi choisir d’être moine en 2018 ?



Immigrant au Canada depuis 1994, je suis catholique depuis ma naissance. Ma vie était profondément ancrée dans un univers catholique. J’allais à la messe à tous les dimanches. J’étais bien engagé dans ma paroisse vietnamienne. J’avais tout pour être heureux, entouré de ma famille et de mes amis. J’étais pharmacien avec un salaire enviable de 55$/h. J’étais libre extérieurement de tous soucis. Pourtant, je ne ressentais qu’un vide intérieur, car intérieurement je n’étais pas libre. J’avais des blessures intérieures comme tant d’autres jeunes.

J’avais l’intuition d’avoir conçu une façade pour masquer mes insécurités, car ma mauvaise estime de moi était inconsciemment basée sur le regard des autres. Je réalisais que mes 20 ans de vie catholique ne m’avaient pas permis d’entrer en relation avec Dieu, car j’étais plus dans une tradition et ma foi était sans vie. L’expérience chrétienne vécue sur le plan collectif était très forte en moi, mais malheureusement la vie spirituelle, la relation personnelle avec le Christ était peu présente.

Par hasard, en 2011, j’ai pu entrer en contact avec l’Abbaye de Rougemont. La charité fraternelle avait guéri mes blessures intérieures, permettant à Dieu d’entrer dans mon coeur. J’ai pu alors expérimenter réellement la miséricorde de Dieu en découvrant ce regard de Jésus sur Zachée qui ne condamne pas et qui l’accueille gratuitement dans ce qu’il est.

Le contact par hasard et graduel avec le monastère m’a alors introduit à une vie spirituelle. Je pense que la vie monastique présente une synthèse parfaite de la formation intellectuelle, spirituelle et humaine, me permettant de développer le maximum de mon potentiel. Elle m’ouvre aussi à un vrai chemin de liberté, en brisant cette façade que je me suis créée, permettant à mon coeur de m’ouvrir à Dieu, aux autres et surtout à moi-même.

J’ai pu alors découvrir et accueillir ce que je suis en vérité, mon identité, créé et aimé par Dieu. Alors, j’ai vu grandir en moi le désir de la vie monastique. J’avais la certitude que c’était bien le projet de Dieu. Alors, je n’ai pas cherché plus loin, car seul l’amour de Dieu me suffisait. Finalement, j’ai dit OUI au Seigneur, un Oui inconditionnel. Alors, j’ai quitté ma famille, mes amis, mon statut social, mes fausses sécurités et ma fausse liberté pour ce chemin inconnu qu’est la vie monastique.

Jusqu’à aujourd’hui, 2 mois après ma profession temporaire, je n’ai jamais douté de ma vocation. Je goûte de plus en plus à la vie monastique, car elle m’offre un équilibre de vie dont j’ai besoin, que je ne peux trouver ailleurs.

Prière, travail, vie fraternelle et hospitalité, particulièrement en ce qui a trait à la pastorale jeunesse, sont les 4 grandes activités qui occupent la vie de notre communauté. Notre journée monastique est meublée par la prière, communautaire et personnelle, pour louer Dieu. Cela m’aide à me recentrer en Dieu pour éviter que je me disperse dans mes projets personnels et dans des excès. Nous avons la messe à tous les jours, ce qui me ramène à l’essentiel et me rappelle sans cesse que ma vocation est un DON. La découverte de la Lectio Divina a aussi joué un rôle très important dans ma vie spirituelle et humaine. Elle me fait grandir et me nourrit à tous les jours.

Ce qui est beau de la vie monastique c’est qu’on ne fait pas tout cela seul, mais avec une communauté. On marche ensemble, on grandit ensemble comme la communauté des apôtres.

Alors, je peux dire que mon engagement et ma foi, devenue plus vivante, m’amènent à mieux apprécier la vie, à être vrai avec moi-même et avec les autres, et me poussent à vivre la charité, selon l’Évangile. Je ne cherche pas à être prêtre ni à être ce que je voudrais être, car je ne choisis pas ma vie. Je la donne, afin de répondre à cet appel du Seigneur qui me veut « moine » à l’Abbaye de Rougemont.

Fr. Martin de Porres (Profès temporaire)
Abbaye cistercienne Notre-Dame de Nazareth à Rougemont
23/05/2018


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